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Quand on parle de « trafic », de « traite d’êtres humains » ou d’esclavage moderne, s’agissant des recrutements illégaux de jeunes footballeurs d’Afrique, des cris d’indignation s’élèvent de part et d’autres de la Méditerranée. Mais comment, sinon, qualifier ce commerce transnational de jeunes sportifs, souvent mineurs ?C’est l’occasion d’expliquer ces deux termes, parfois mal utilisés. Il y a en effet des différences fondamentales entre la « traite » et le « trafic ».

Le « trafic de migrants » est un crime impliquant l’assistance à l’entrée illégale d’une personne sur le territoire d’un État duquel cette personne n’est ni un ressortissant ni un résident, en vue d’obtenir une contrepartie financière ou tout autre bénéfice matériel. Il y a accord entre deux personnes. À destination, le migrant illégal est libre et n’est pas sous le contrôle du « passeur ».

La « traite des personnes », aussi appelée « esclavage moderne », se distingue par le caractère contraint de l’activité. L’implication est forcée ou « coercitive » ou en l’absence de libre consentement. En outre, l’exploitation du migrant est un élément constitutif de la traite. Ces éléments sont essentiels pour distinguer la « traite des personnes » du « trafic illicite de migrants ».

Une autre différence fondamentale entre les deux concepts est « l’exploitation » et « l’abus » de la personne dans le cas de la traite, et « l’avantage financier » qui découle de « l’immigration illégale » dans le cas du trafic. Si, dans ce dernier cas, l’élément « exploitation de la personne » est absent, cela reste un élément constitutif de la traite, car une fois arrivées à destination, ses victimes demeurent sous le contrôle d’une ou plusieurs personnes ou d’une organisation criminelle, et sont soumises à des conditions d’esclavage.

Le « trafic » peut être transnational ou s’opérer à l’intérieur d’un même pays, mais le caractère transnational est une donnée nécessaire du « trafic de migrants » et de la « traite des personnes », puisque le migrant doit être transporté hors des frontières de son pays. Le profit est une motivation dans les deux cas : issu de l’immigration clandestine, il s’obtient avant le transport et l’entrée ou le séjour illégal dans le pays de destination ; de la traite, il vient de l’exploitation et de la servitude des victimes ainsi que pour dettes.

Une distinction doit également être faite entre « trafic dans le football » et « trafic par le football ». La première notion s’applique aux recrutements illégaux impliquant un acteur officiel du football organisé. Le trafic « dans le football » s’accompagne souvent de la falsification de l’état civil du joueur, donc de l’effacement du club formateur initial, du « blanchiment » du joueur à travers l’utilisation de clubs amateurs et/ ou de pays « sas » (souvent d’Europe de l’Est), de l’exploitation économique des jeunes et de leur abandon en cas d’échec… Le « trafic par le football » quant à lui utilise simple le football comme moyen de migration. Il s’opère surtout via les réseaux de migration clandestine.

Il y a peu d’éléments statistiques sur les jeunes d’Afrique « trafiqués » en Europe. C’est une opération délicate, car il s’agit de personnes en situation irrégulière, qui ne souhaitent pas forcément être identifiées ou recensées. Selon l’Observatoire des joueurs professionnels de football, la tendance ces dernières années va dans le sens d’une accentuation de la migration de mineurs. L’âge de la première migration internationale est donc en constante diminution. Au début des années 1980 il était de plus de 24 ans ; il est progressivement descendu à 21,3 ans pour les Européens, 22,3 ans pour les Latino-Américains et à 18,6 ans pour les Africains (2008). Ceci s’explique par une meilleure exposition (multiplication des tournois de jeunes), la présence de réseaux mieux organisés et un attrait financier indéniable.

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