Face à la pandémie planétaire de coronavirus, qui a eu pour conséquence en France l’arrêt des clubs et compétitions sportifs amateurs, nous avons rencontré Frédéric (1), un parent de jeunes footballeurs de la région parisienne, du Val d’Oise, pour savoir comment il faisait face à cette situation inédite
FOOT SOLIDAIRE : Pouvez-vous vous présenter.
Frederic: Je m’appelle Frederic, je suis papa de 3 garçons de 14, 10 et 6 ans et d’une fille de 8ans et demi. Les garçons jouent au football en club. L’aîné évolue en U16 en championnat Régional 2,le deuxième en U11, le petit dernier en U7.
FOOT SOLIDAIRE : Comment vous organisez-vous habituellement pour leurs activités en club ?
Frederic : Pas évident par rapport à mon travail, mais mon épouse et moi arrivons à gérer l’emploi du temps sportif. On se relaie pour les conduire à l’entrainement et aux matchs. Pour tout dire nous pas de répit en semaine encore moins les week-ends. Mais tout est à l’arrêt actuellement à cause de l’épidémie.
FOOT SOLIDAIRE : Pouvez-vous nous parler des trois footballeurs ?
Frederic : Je suis fier de mes garçons, ils aiment le foot, ils aiment ce qu’ils font. Mais en plus ils sont disciplinés, travaillent très bien à l’école, rien à leur reprocher pour l’instant…Nous sommes là pour les conseiller en termes de comportement, ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire. Le plus important reste l’école. On essaye de leur éviter l’utilisation des réseaux sociaux, pour l’instant ils n’ont pas de téléphones portables...
FOOT SOLIDAIRE : Comment vivez-vous le confinement?
Frederic : C’est dur, pas facile de gérer les enfants à la maison le week-end. Ils ont besoin de bouger, de faire du foot, mais ils ne le peuvent pas, c’est compliqué. J’espère qu’on va trouver un solution rapidement, on nous a dit qu’en décembre ils pourraient reprendre mais je ne sais pas quelles catégories seront autorisées, c’est ce que vient d’annoncer le chef de l’Etat, je crois.
FOOT SOLIDAIRE : Pour vous, les mesures prises par le gouvernement pour stopper l’épidémie sont justifiées ?
Frederic : Je pense qu’elles sont justifiées, c’est important, au niveau de la santé publique. Nous appliquons les gestes barrières, la distanciation physique, on protège les enfants et nous-mêmes, c’est important. On évite de sortir, on porte le masque, on se protège.
FOOT SOLIDAIRE : Dans votre famille ou votre travail des personnes ont été atteintes du Covid-19 ?Frederic : Dans ma famille non, pour l’instant, mais un collègue l’a eu. Il est resté chez lui une dizaine de jours, mais il a pu reprendre le travail.
FOOT SOLIDAIRE : Pensez-vous que l’arrêt du foot aura des répercussions sur la progression sportive de vos enfants ?
Frederic : Je pense que oui, mais j’espère que leur niveau ne va pas trop baisser. Ils s’entrainent seuls pour l’instant, j’essaye aussi de les entrainer, mais c’est compliqué pour eux. Après ils ont la chance d’aller a l’école. Le foot leur manque, ils n’ont pas trop le choix, il faut vivre avec. C’est un peu ridicule d’arrêter le foot. Ils vont à l’école mais pas au foot !A l’école ils sont 20 à 27 par classe, enfermés, alors que le foot se fait en plein air. Mais on se doit de respecter les consignes collectives. Les gamins ont un suivi par téléphone, les coaches envoient des exercices physiques, techniques à faire, pour le plus petit, c’est uniquement le jonglage. Il y a un groupe WhatsApp des parents, où les éducateurs envoient des messages pour prendre des nouvelles, si ça se passe bien à la maison. On échange des vidéos. Ils nous disent ce qu’il y a faire dans la semaine. Je ne sais pas si c’est pareil partout, mais la plupart des parents se débrouillent un peu seuls.
FOOT SOLIDAIRE : A combien évaluez-vous les dépenses « sportives » familiales liés à la pratique de vos enfants ?
Frederic : Pour l’instant j’en suis à 1000 euros :je paye un coach privé, les équipements, les crampons à 150 EUR. J’ai pris 4 licences sportives : ma fille fait de la gym (280 EUR), l’aîné (250 EUR), le deuxième (240 EUR) et le petit (180 EUR). Les clubs ne donnent pas grand-chose : un short et un maillot, à nous d’acheter les survêtements. En décembre j’en serai probablement à 1600 euros de dépenses.
FOOT SOLIDAIRE : Comment s’organisent-ils entre foot et études ?
Frederic : Ils ne sont pas en centre de formation et c’est épuisant de faire les deux !J’espère qu’ils le seront un jour. Habituellement lorsqu’ils rentrent de l’école, ils vont directement au foot, au retour ils font leurs devoirs. Même s’ils n’ont que trois entrainements par semaine, il y a de la fatigue, mais ils aiment ça.
(1)Le prénom a été modifié
Propos recueillis par Véronique Mak