Abdou, jeune footballeur Togolais

Je suis arrivé en mars 2019 par le désert, j’ai cheminé avec mon voisin du quartier Palo-Palo à Sokodé ici présent, on jouait dans le même club au Togo.

Mon objectif était de trouver un club au Maroc. J’évoluais en championnat lorsqu’un homme d’affaires qui fait voyager les gens nous promis un club au Niger. Beaucoup de togolais jouent dans ce pays, même sans passeport. On y entre en bus.

Ce type  nous a sélectionnés contre le paiement par mes parents de 450 000 FCFA, mais il y avait en plus le loyer à payer à l’arrivée. Dès qu’il a pris notre argent, il a disparu. On a croisé sur la route des frères qui allaient en Algérie.

On ne voulait pas retourner au pays, on les a suivis, on marché à pied jusqu’en Algérie. On est arrivé à Tamanrasset, puis on a marché jusqu’à Ghardaïa, puis Oran ; Nous étions affamés, des jours sans rien à manger, nos téléphones nous été ont volé sur la route.

Sur la route des migrants, tu croise des bonnes et de mauvaises choses. Au Maroc, on a voulu faire marche arrière mais un frère nous a dit de foncer jusqu’en Europe.

Il n’y avait plus que la mer à traverser. Les parents ont envoyé l’argent pour la traversée. Sans succès. Je suis resté ici où un compatriote nous a trouvé un travail pour économiser pour l’Europe. On balayait les rues, on mendiait dans les marchés, finalement j’ai abouti en forêt. Je ne sais pas comment expliquer, c’est dur ici en forêt, dur pour manger.

Les militaires brulent nos tentes, prennent nos habits, nos téléphones, nous tabassent, nous refoulent à la frontière, c’est loin.

Mon père et ma mère se sont battus pour financer mon voyage, je ne peux pas rentrer à la maison comme ça, il faut que j’atteigne mon objectif, je suis l’ainé de la famille j’ai 3 petits frères, 1 petite sœur, ils comptent sur moi.

Si un club me donne ma chance ici je suis prêt à la saisir.  J’ai été jusqu’en classe de première au lycée Mon Avenir de Sokodé. J’ai eu le Brevet d’étude. Je parle et écris bien le français, je parle et écris l’anglais.

Je suis capable de tenir, mon rêve c’est le football. Mais je ne peux pas conseiller à mon petit frère de prendre cette route, je regrette d’avoir pris la route des migrants, on a souffert, on a tout mis entre les mains de Dieu, il y a des gens qui meurent en route.